50 nuances de Grey, j’ai bien aimé le film
Lorsque le livre « 50 nuances de Grey » est sorti, je me suis dit que vu mes activités, je me devais de le lire. Je l’ai donc acheté… mais cette lecture me paraissait être une corvée et j’avais d’autres ouvrages plus urgents en attente.
Je ne l’ai toujours pas lu, alors pour m’en faire un idée je suis allé voir le film. C’était plus vite fait !
J’avais beaucoup entendu parler du livre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne laisse pas indifférent. Certains adorent, d’autres détestent. C’est donc un livre questionnant, voire dérangeant.
On peut observer que, plus qu’une œuvre littéraire, « 50 nuances de Grey » est un phénomène social. Le signe que le concept de l’amour, ou du moins de la rencontre amoureuse, est en évolution.
Nos contemporains, et en particulier les femmes, en appellent à plus d’intensité dans leur sexualité. Avec le développement du monde virtuel, les gens ont peut-être perdu un peu de leur sensibilité charnelle… Du coup, l’attrait pour les expériences fortes se fait sentir. Simple évolution.
L’engouement pour les pratiques SM chic et soft se démocratise, du moins dans l’imaginaire intime. Alors que peu de gens sont attirés par les expériences sexuelles extrêmes, la fessée, le bandeau, les cordages et les menottes viennent plus souvent pimenter les jeux amoureux. D’ailleurs, les marchands d’accessoires en cuir font de belles recettes ces temps-ci !
Quoiqu’il en soit, de plus en plus de femmes et d’hommes sont en recherche d’une sexualité débridée. On ne se satisfait plus de faire l’amour tous les samedi soir, on trouve cela ennuyeux. On veut pimenter sa sexualité pour qu’elle devienne « torride ». Ceci n’est plus seulement un signe de réussite du couple, mais aussi d’épanouissement personnel.
De mon point de vue, je trouve prometteur que les gens aient envie de s’encanailler. Ils s’accordent en tout cas le droit d’en rêver, ce qui est déjà un pas vers une liberté orientée sur le plaisir.
La « libération sexuelle » des années 70 n’était que le début d’un processus qui est loin d’être abouti. Dans ce contexte, « 50 nuances de Grey » encourage à sortir de sa zone de confort. Mais pour aller où, pour gagner quoi ? Ce n’est pas encore très clair pour la plupart des gens.
Il y aura encore bien des débordements, des incompréhensions et des frustrations avant que l’épanouissement sexuel devienne la norme.
Vers un nouveau romantisme ?
Avec ses 100 millions d’exemplaires vendus en 50 langues, le best seller démontre que la sexualité du couple éveille de plus en plus d’intérêt.
Alors que les critiques s’acharnent à démolir le film autant que le livre, j’y vois tout de même le signe d’une quête massive : le rêve fait par beaucoup d’entre nous de réconcilier l’amour avec la liberté érotique.
Au milieu de cette déferlante de critiques, il devient audacieux de dire que l’on apprécie cette histoire. Pourtant les personnages sont touchants, même s’ils ne sont pas tout à fait crédibles. Un peu trop baigné d’eau de rose, ils symbolisent tout de même le paradoxe qui existe en chacun de nous et qui demande à être unifié par des sentiments purs.
« 50 nuances de Grey » est un conte de fées. Le message et la forme, à quelques détails près, sont semblables à « La belle et la bête » que Jean Cocteau avait adapté pour le cinéma en 1946.
Dans « 50 nuances de Grey », le ténébreux milliardaire veut juste initier une nouvelle conquête à ses jeux sadomasochistes. Mais c’est elle qui finira par éveiller l’amour dans le cœur aride de son soi-disant maître. Qui soumet qui ? L’histoire d’amour avec un grand A tient toujours à nous montrer que les grands sentiments sont capables de changer les gens.
Le marketing de la St. Valentin
En sortant le film sur les écrans pour la St. Valentin, les producteurs ont été jusqu’au bout de leur pari. Ils ouvrent ainsi de nouvelles possibilités de considérer l’amour en relation avec des pratiques sexuelles inhabituelles.
Vouloir lier la frivolité et les fantasmes de nos instincts bruts à la St. Valentin, je trouve ça plutôt cool. Cela veut dire que l’on n’associe plus obligatoirement certaines pratiques à des comportements pervers, mais qu’on croit possible de les intégrer à la relation amoureuse. Évidemment, ce n’est pas gagné et tout est une question de mesure pour qu’il n’y ait pas de perdant.
Jusqu’ici, on faisait l’amour tendrement avec son conjoint et on s’éclatait en cachette avec ses amants ou maîtresses. On va peut-être enfin pouvoir lier érotisme et amour, pour sortir de la honte et exprimer la joie dans le couple.
La rencontre de deux êtres, aussi complexe qu’elle puisse paraître, est toujours une merveille de potentialités. La rencontre dans les corps en est l’expression la plus simple et la plus parfaite.
Toutes les formes d’amour, SM compris, ont leur sens puisqu’elles prennent naissance au cœur des êtres qui les partagent. Le tout sera de ne pas ériger en dogme un quelconque comportement, mais de découvrir chacun ce qui est bon pour soi.
Ce n’est pas la sortie de « 50 nuances de Grey » qui va tout changer, mais l’événement n’est pas anodin. Il y a quelque chose qui est en train de basculer dans notre conception du couple, avec rapidité et à large échelle. En ce qui me concerne, je trouve cela très motivant. Et je continuerai à participer à ce mouvement en y apportant les valeurs qui me sont chères.
Et vous ? Vous avez aimé ou détesté le livre ? Aimé ou détesté le film ? Exprimez-vous dans les commentaires ci-dessous.
N’attendez pas le bonheur, créez-le !
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